Au cœur d’une chaleur étouffante, des constructions surgissent de la désolation aride. Le centre de l’éclatante n°1 est occupé par un immense dôme technologique sous lequel vivent les classes les plus aisées. L’air y est plus frais, plus respirable. À l'extérieur, le sable ne fait pas que dessécher, il détruit tout. Les habitations en briques sont couvertes de plaques de métal glanées ci et là pour réduire l’érosion. La limite de la ville est marquée par un mur colossal, maigre rempart contre les monstrueuses tempêtes, dernier témoin de l’humanité avant l’infini désert.
Les buildings touchent le ciel, laissant à peine le soleil se faufiler jusqu’au sol. Les néons des boutiques apportent l’essentiel de la lumière et décorent la grise n°4 de leurs couleurs criardes. Au sein de la ville, les tours modernes se parent de verre ; autour d’elles poussent des constructions fantaisistes, inabouties, tordues, issues de siècles de transformations et d’agrandissements. Par-delà les limites de la capitale, la nature engloutit sous sa verdure l’urbanisme d’une époque perdue. La végétation y a repris ses droits depuis longtemps.
Au-delà des sommets se trouve la chaleureuse n°5, continuellement ceinturée par un froid glacial. Des lampions et des guirlandes chatoyantes décorent les murs ternes d’édifices toujours plus imposants. Les temples d’antan sont depuis longtemps noyés sous les constructions, et même les montagnes se sont inclinées face à la modernité. La technologie a permis la vie, et plus on s’approche du centre, plus le climat se fait doux et agréable. Cette ville est une prison dorée. De l’autre côté de la frontière, l'oxygène manque et le gel règne. Il n’y a plus rien, sinon des miséreux qui errent, déjà anonymes, bientôt morts.
Les murmures du passé étouffés par la modernité, c’est ainsi qu’apparaît la délicate n°7. Des architectures, tantôt moulurées, tantôt sculptées, vestiges d’esthétiques oubliées. Le neuf éventre l’ancien, faisant jaillir de la pierre blanche poutres métalliques et verres cristallins. C’est une féérie de formes rayonnantes, le symbole du génie humain faisant de l’époque une notion désuète voire absurde. Les plus belles réalisations se trouvent au centre, et plus on s’éloigne, plus la folie créative disparaît des façades et des habitants. Et puis plus rien, sinon un océan infini qui a tout englouti.