musique – Ce qu'il y a de terrible avec le syndrome du héros, c'est d'être sans arrêt sur le devant de la scène ; aux premières loges, en première ligne. Ne pas réfléchir, ne pas analyser, juste foncé, tête baissée, sans sourciller.
Et le regretter l'instant d'après.
Il repense à sa mère, sur ce lit, dans ce putain de taudis qui lui servait jadis de barraque ; il repense à la silhouette d'un père, qui se barre sans jamais revenir, la tuant à petit feu. Il repense à cette cantatrice, à la bienveillance aimante, à la chaleur incandescente du manque de ses étreintes. Il l'entrevoit du bout de ses doigts ; mais ce n'est qu'un mirage, un effet scientifique explicable ; le désert. Le manque d'hydratation, la peur au ventre, la colère qui l'éviscère. L'envie de vomir ; l'envie de quitter cette terre ; Blake revient des années en arrière.
Et pourtant, l'homme ressent cette rage de vivre, celle qui le force à courir, sur un sable qui lui fait perdre plusieurs fois l'équilibre. Mais ce n'est qu'un homme. Rien qu'un homme. Et il est en lutte, contre la misère de ce monde, contre une créature face à laquelle il fait pâle figure.
Tout vas trop vite, bien trop vite.
Les réflexes de la silla arena sont loin, bien trop loin.
Un bras, arraché.
Un hurlement étouffé.
Et un corps qui roule sur un sable carminé.
La main cherche à sentir ce qui manque, ce qui n'est plus là, mais la vision se trouble. Au loin, malgré le brouillard, il la voit, elle est en sécurité. Elle va bien, cet enfant. Peut-être qu'elle aura cette chance, de revoir contrairement à lui, celle qu'elle appelle maman.
Ma...man. Tout ce qu'il fait aujourd'hui, c'est pour elle, pour qu'elle soit fière de lui ; malgré les immondices, malgré les sévices infligés.
J'ai... Merdé. Oui, Blake a merdé, sur toute la ligne.
Et il aimerait tant
en cet instant
pouvoir se racheter
un semblant
de conscience
// blake perd son bras, est soulagé pour la petiote, et il sombre.