Le ciel, ce nom évoque à lui seul la richesse du quartier central de n°4. C’est là que se trouvent les tours les plus hautes de la ville, et peut-être même du monde si l’on en croit les habitants. On y croise également le commissariat central de La Société ainsi que l’hôpital le plus réputé de la planète. Le luxe brille à travers les parois de verre, scintille au rythme des néons bariolés. La nature, quant à elle, n’a pas sa place, pis encore elle est niée jusqu’à enlever le moindre brin d’herbe poussant entre les dalles de béton.
L’annexe soutient le ciel. Les constructions sont ici moins hautes et brillantes, mais elles restent majestueuses et agréables à l'œil. Cette partie de n°4 est un lieu de passage entre les secteurs riches et pauvres, un lieu de rencontres également entre catégories sociales différentes, notamment dans le parc et le centre commercial. Celles et ceux qui vivent là profitent de divertissements agréables et abordables.
La partie externe de n°4 n’a rien de la beauté architecturale du reste de la ville, mais il y a dans cet empilement triste de blocs de béton un certain charme presque poétique. La favela est la partie la plus pauvre. C’est là que les désœuvrés, destinés aux tâches les plus ingrates, profitent de la vie entre deux sessions de travail. Au loin, les joyaux du ciel brillent, rappelant aux habitants que leur environnement est bien terne en comparaison, derrière c’est la nature effrayante qui les enserre.
Une fois franchies les portes de n°4, c’est un fascinant paysage apocalyptique qui s’étend à perte de vue. La nature a capturé sous ses racines une ville au nom oublié depuis longtemps. Ainsi, les barres de métal et les dalles de béton sont transpercées par des racines et des ronces. Cette forêt urbaine est devenue au fil des siècles l’un des symboles de la supériorité de la nature sur l’humanité. Certains ont bien essayé de la dompter, de la couper ou de la brûler, mais rien n’y fait, sa verdure insolente revient toujours narguer les néons de la ville.