Voilà plusieurs siècles que le dôme isole de la chaleur et du sable les quartiers riches de n°1. Phare au milieu de la ville, les rayons de la lune et du soleil s’y reflètent, faisant de la structure métallique un phénoménal miroir. On y pénètre par l’une des multiples entrées étroitement surveillées. Le visiteur étranger est alors immédiatement frappé par la fraîcheur qui l’envahit. Puis, lorsqu’il observe son environnement, il est surpris par le ciel factice qui reproduit à la perfection les conditions climatiques extérieures. Tout ici cherche à faire oublier aux habitants l’artificialité des lieux.
Ceinturant le dôme de ses constructions de briques, la zone constitue le secteur mixte de n°1. Les plus aisés côtoient les nécessiteux dans des avenues grouillantes de vie. On va et on vient à travers les étalages des marchands du souk, les malades vont se faire soigner au dispensaire, et les plus riches vont au téléport pour se rendre quelque part dans le monde. Finalement, seuls ceux qui vivent entre ces murs restent, observant ce ballet décousu.
À travers la médina, les ruelles serpentent, font des tours et des détours pour souvent finir dans une impasse. Les industries minières crachent leurs épaisses fumées noires et acres, voilant continuellement le soleil pourtant si brillant. Les maisons y sont plus basses, dominées par l’ombre rassurante de la muraille qui empêche le désert de recouvrir n°1. C’est un méli-mélo de brique et de métal, de constructions réparées à la hâte sans autre objectif que sauver ce toit qui se dresse sur leurs têtes, car malgré la muraille, le vent s’engouffre dans les rues étroites, érodant peu à peu les constructions fragiles.
À la fois infiniment terrifiant et magnifique, le désert est une entité à part entière. Au gré des tempêtes, il se transforme. Les dunes se déplacent, soldats mouvants sur le champ d’une bataille perdue d’avance pour le misérable humain. La nature dévastatrice et indomptée semble prendre un cruel plaisir à effacer les traces des civilisations passées, à perdre les voyageurs et à engloutir les rares points d’eau.