On ne peut parler de résidences, Enlil est plutôt un amoncellement incohérent de constructions rafistolées. Le vent du désert n’est pas arrêté par la muraille, et le sable qu’il porte détruit au fil des jours les habitations de fortunes. Seules des plaques de métal, récupérées autour des industries minières, ralentissent l’inexorable travail d’usure. À l’intérieur, le confort est rudimentaire : quelques pièces où s’entassent une famille nombreuse comprenant enfants, parents et souvent grands-parents.

Le marché noir est un endroit glauque, peu rassurant, et pourtant très fréquenté. Les étals n’y sont pas aussi propres et bien arrangés que dans le souk, la plupart des vendeurs ne présentent d’ailleurs pas leurs marchandises. On ne vient pas ici par plaisir de la flânerie. On cherche son interlocuteur, on marchande à voix basse, on procède à l’échange ou on convient d’un lieu de rendez-vous et on s’en va. Le risque ne vient pas de la police, elle laisse faire les choses tant qu’il n’y a pas de débordement, mais des yeux accusateurs qui espionnent depuis les ombres.

Près de la muraille se trouvent d’immenses cavités creusées profondément dans le sol. Les mines de n°1 sont connues dans le monde entier, et l’économie de toute la ville est en grande partie basée sur ce qu’il sort des entrailles de la terre. Là-dessous, des hommes et des femmes s’épuisent des heures durant dans une atmosphère étouffante et un bruit assourdissant pour un salaire de misère.

Quel étrange lieu que la taverne Kalahari. Le bar circulaire occupe le centre de l’espace. Les clients, généralement des habitués, s’y accoudent, attendant patiemment leur verre, tandis que des serveurs ou serveuses naviguent entre les tables disposées à touche-touche. À l’étage, une ambiance plus feutrée et plus calme conviendra certainement mieux aux personnes cherchant à discuter à l’abri des oreilles indiscrètes.

Si le dôme est l’emblème de n°1, sa muraille est le symbole de sa fragilité. Haute de plusieurs centaines de mètres, elle déploie son ombre bienveillante sur la médina, marquant ainsi les différentes heures du jour. Derrière elle, le désert monstrueux cherche à noyer entre ses grains tout ce qui passe à sa portée. Son entretien est primordial, ainsi il n’est pas rare de voir des personnes grimper sur les immenses paroies de pierres pour la réparer. C’est également un point de vue très apprécié sur la ville et le désert.