c’est rigolo l’alcool
ça dilate les pupilles, ça désinhibe les gens, les fait rire, parler mieux anglais, fait faire des choses un peu stupides par moment. ça fait chanter, danser, ça te fait sortir de ta petite bulle bien trop serrée, celle qui t’empêche de vivre chaque jour correctement.
t’aimes bien boire gazel, boire jusqu’au moment ou tu as l’impression de ne plus être vraiment toi même, jusqu’à ce que tu es celle que tu aimerais être (un peu plus comme elle et un peu moins comme toi). tu le sais, c’est pas beau de boire, ça fait de toi quelqu’un que tu ne reconnais pas une fois l’alcool lavé de ton sang. mais a chaque fois tu te retrouves ici, un verre a la main, l’esprit léger et la chaleur de l’alcool rougissant tes joues ; et a chaque fois la même rengaine, l’alcool plus jamais avant de recommencer une semaine plus tard.
t’es malade un peu au fond
parce que boire autant c’est pas bien
ça fait de toi une mauvaise personne
tu t’en veux
mais ce soir, la culpabilité ne t’a rongée qu’un seul (court) instant et tu t’es laissée porter par la chaleur des bars, la musique qui faisait vibrer tes tympans et tu as bu, encore et encore, et c’est ta carte bleue qui va le regretter demain matin quand tu vas réaliser tout ce que tu as fait, le tout en faisant défiler les (trop nombreuses) photos sur ton navikit afin de te souvenirs des événements de la veille.
mais c’est trop tôt pour parler de demain, parce que la gazel, la, t’es clairement en train de vivre ta meilleure vie (ta best life comme tu dirai même). armée d’un kebab dans une main, et d’une cigarette que tu as volé a quelqu’un dans l’autre, tu déambules dans la rue a la recherche d’un briquet. parce que ma bonne gazel tu ne fumes malheureusement pas, alors a quoi bon voler cette pauvre cigarette, tu vas la poser sur ton étagère de souvenirs de soirée ? ou alors peut-être tu vas la garder derrière l’oreille, pour le style comme les hipster ? on peut faire quoi avec une cigarette en vrai, c’est compliqué, le nombre de possibilités…
c’est la que tu le vois, lui, ton sauveur, juste a côté du lampadaire qui l’éclaire alors que la lueur lune haute dans le ciel n’est pas suffisante pour illuminer quoi que ce soit. cigarette a la main, briquet dans l’autre. le briquet. c’est tout ce qui t’importes en ce moment la, alors la démarche branlante, pas vraiment droite mais certainement très assurée (de cette assurance qu’ont les gens ivres) tu te diriges dans sa direction, un sourire collé aux lèvres, et plus tu t’approches, plus tu te dis qu’il est quand même vachement grand.
— Bonjour ! tu commences, pleine d’entrain et d’énergie, ou plutôt bonsoir, c’est vrai qu’il est vaaachement tard. Est-ce que je pourrais vous emprunter votre briquet s’il vous plait ?
et tu secoues ta cigarette fièrement, faisant au passage tinter tes bracelets avant de prendre un tout petit mini croc de ton kebab, juste pour avoir le gout, parce qu’il te fait quand même vraiment envie ce kebab.