i wanted so badly to be good, but… 23.05.578
Le doute, d’un coup, à sa question, à son attitude méfiante. Mais Moon n’était-elle pas exactement comme ça ? Sur la défensive, montrant les crocs, ne cachant pas les larmes qui grossissent aux coins des yeux, qui dévalent la pente douce de ses joues.
Noah cligne des yeux. Y’a cet espoir qui lui chatouille la poitrine, qui englobe la peur, qui la fait partir. Noah n’a pas peur de se tromper. Noah préfère croire qu’il s’agit de la bonne personne. Qu’il vient, enfin, de retrouver celle qui continue de le hanter depuis tout ce temps.
Les sanglots de la jeune fille réveillent en sursaut un souvenir s’ouvre dans son esprit, comme en parallèle de la scène qui se déroule devant ses yeux à l’instant même.
C’est moi, c’est Noah.
Il ne doute pas. Sait que c’est elle. Ne pourrait pas l’expliquer, en a la simple certitude au fond de lui. Il avance d’un pas, puis d’un autre, puis la voit trébucher. Autre écho, autre souvenir. Il amorce un mouvement vers l’avant comme pour la rattraper, mais il est trop loin, voit sa tête cogner la pierre.
Une grimace barre son visage, il a mal pour elle, il veut l’aider, veut la prendre dans ses bras, comme avant, alors il s’avance mais se voit stoppé par ses mots. Enième écho. Il se mord la lèvre inférieure, s’accroupit pour se mettre à son niveau. A l’impression d’avoir dix ans de nouveau, d’être de retour sur UNITY, et s’il plisse un peu les yeux, croirait voir son amie telle qu’il l’a rencontrée.
Tu t’rappelles ?
Sa voix tremble un peu. Peut-être l’émotion. Le soulagement de la retrouver. La tristesse de la voir dans cet état. Il tente un sourire.
Tu disais la même chose quand on s’est parlés pour la première fois. Tu voulais pas rester sur UNITY, t’en avais marre de l’Académie, et puis des cons qui te faisaient chier.
Lui s’en rappelle très bien.
T’as essayé de me bouffer la main quand j’ai voulu t’aider à te relever.
Il lâche un petit rire. C’est pourquoi il reste à une distance respectable.
Et puis, je sais pas trop comment, on est devenus amis. J’te traitais de pleurnicheuse, mais au fond, ça me dérangeait pas de sécher tes larmes. Et puis, j’aimais bien te regarder danser. Et tu t’en fichais que je te tanne avec tous les animaux que je voyais dans mon quartier.
Noah a soudainement envie de chialer, lui aussi. Il réussit à sourire, tout de même. Il sourit parce qu’il a retrouvé son amie. Il sourit parce qu’elle n’est toujours pas partie en courant. Il sourit parce qu’il a l’impression de rêver. Et il pleure, doucement, parce qu’elle lui a manqué, parce qu’elle était un point d’interrogation sans réponse, trois points en suspension dans le vide.