Sers-toi un dernier verre J'veux que tu finisses par terre J'veux m'envoyer en l'air Goûter l'atmosphère
musique – 20 mars 572 - une date ancrée à jamais ; lendemain d'une condamnation ; la perte d'un frère, la chute de son monde.
Ne pas savoir quoi faire, ni où aller. Fouler le pavé d’une rue déserte, d’une ruelle sombre et miséreuse, sentant autant la poussière que les poubelles. Loin du luxe qu’il a l’habitude de côtoyer ; juste pour oublier l’espace d’une soirée, les drames d’une vie qu’il n’a pas souhaitée. La tête baissée, le masque ancré à son visage pour cacher à la vue de tous, la dégénérescence des tissus de chair ; la prothèse de son nouvel œil, liaison neuronale enfin paramétrée. La réhabilitation, les douleurs, tout se bouscule, s’enchaîne à une vitesse démentielle, jamais égalée.
Avancer, capuche sur la tête, scrutant les environs, scannant l’endroit. Il ne sait pas Ivan, où il a mit les pieds et en cet instant, marqué par le deuil, par l’amertume, il s’en balance. D’un revers de la main, le jeune homme à tout envoyer valser ; la complainte de ses parents, la colère contre La Société; seul un sentiment demeure, la tristesse. Vouloir pleurer, mais ne pas y arriver. Vouloir s’écrouler, mais ne pas succomber. L’influence de Gran demeure, cette silhouette droite et fière, conduite à l'échafaud, sans ployer, sans se rompre. C’est une image qu’il n’oubliera jamais ((et c’est ce qui le contraint à rester debout, comme son jumeau.))
Pénétrer dans l’antre et déchanter, voir des corps se trémousser, des gens gueuler pour commander, loin de toute civilité. Pour le taciturne asocial, c’était une atmosphère à déplorer, à fuir à grandes enjambées. Mais pas aujourd’hui. S’avancer, en se faufilant jusqu’au comptoir, s’y asseoir et ne pas savoir quoi faire. Perdu dans ses pensées ; la cacophonie l’empêche de se concentrer. Ivan n’est pas habitué à tant de bruit, trop souvent le nez plongé dans des bouquins tous plus compliqués les uns que les autres dans les recoins de la médiathèque de ses parents… Mais rester toutefois curieux. Qu’est-ce que les gens aimaient ici ?
Son œil valide scan de nouveau la pièce et la réalité le rattrape.
Ils viennent pour oublier, noyer leurs chagrins, leurs vies miséreuses. Ils viennent pour boire, pour danser, pour faire abstraction de leurs quotidiens… Et c’est ce qu’Ivan fait aujourd’hui ; il vient perdre pour la première fois pieds, à la vue de tous. Les doigts tapant une fois, puis deux, puis trois, il attend, patiemment ; et quand enfin tu apparais dans son champ de vision ; toi, le barman de l’endroit, l’homme commande sur un ton calme ; sans saveur.
un verre de votre meilleur scotch s’il vous plaît. L’amour de leur père pour le scotch leur avait maintes fois valu des remontrances ; à picoler en cachette, Gran pour braver les règles et Ivan, pour faire comme son double. Le revers d’une même pièce abîmé, rongé par le temps. Le cœur est lourd, bien trop pesant dans sa cage thoracique. Mais les larmes ne coulent toujours pas. Alors il attend Ivan, patiemment, que ce verre glisse sur la surface du bar de la discothèque, dont la musique assourdissante lui comprime le crâne. Ce soir, il oublie, il rejette, il tente de lui rendre hommage à sa manière.
// alors j'suis encore en train de travailler mon personnage dans ses manières etc j'espère que c'est pas trop décousus et que ça te conviendra !