L'attente est longue, agonisante, presque. Touya n'est pas vraiment quelqu'un de patient, plutôt le contraire, et il lui faut tout son sang-froid pour attendre, sans bouger ni dire un mot, que mademoiselle veuille bien se décider à lui répondre. Il soutient son regard, tant bien que mal, malgré le sentiment cuisant d'humiliation qui étend le rouge du haut de ses joues au reste de son visage et jusqu'à ses oreilles. Mais le temps passe, et rien ne se passe.
Rien du tout, à part une remarque sur l'apparence du bouquet de fleurs – et même s'il est d'accord (bien sûr qu'il est magnifique, c'est le patron qui l'a composé lui-même, tous ses bouquets sont magnifiques) le fait que Circée décide de discuter plutôt que de conclure enfin cette pénible transaction ne fait qu'agacer Touya encore plus. Il serre la mâchoire, tendu.
Ouais, hein ? Et il est pour vous, enfin, pour votre sœur ou j'sais pas quoi, donc si vous pouviez le prendre, ça serait vraiment bien.
Un regard insistant, pour bien lui signifier qu'il ne va pas poireauter ici pendant trois plombes. Au diable les conséquences, si elle continue de le faire patienter pour rien, Touya songe sérieusement à lui balancer son bouquet de fleurs à la figure – volontairement, cette fois – et s'en aller sans se retourner.
Ah, mais, c'est vrai, il oubliait. La politesse. C'est important, il paraît.
... s'il vous plaît.
Et il esquisse un sourire crispé qui tient plus du rictus qu'autre chose, le genre de sourire qui ferait faire des cauchemars à un enfant de trois ans et qui laisse planer le doute quant aux réelles intentions de Touya, quelque part entre une tentative sincère de paraître amicale et des envies meurtrières à peine dissimulées. Finalement, son état d'esprit est un mix entre les deux, donc ça semble plutôt représentatif.